mercredi 1 septembre 2010

Là-haut sur la ngomba !

Pour les expatriés, sortir de Kinshasa est un luxe rare que seuls les détenteurs de 4x4 peuvent s’offrir. Je devrais plutôt dire sortir de Gombé, les règles de sécurité interdisant généralement à tous les mindele d’aller au-delà de la frontière sud que constitue le boulevard du 30 juin.

Running up that hill
(‘tention, je vais digresser !) Seule exception offerte : vivre à Ma Campagne, dans le quartier de Binza. Malheureusement, les expatriés ne veulent plus vraiment y vivre, malgré la beauté du quartier*, sa tranquillité et les loyers modérés des villas.
La raison ? D’après ce que j’ai pu entendre dire, Ma Campagne se serait avérée être une souricière pour eux lors des pillages qui ont marqué la fin de la dictature de Mobutu. Concrètement, il n’y a qu’une route pour atteindre Ma Campagne, donc une seule porte de sortie, qu’il était facile de condamner. Certaines des connaissances de SiM ont tout perdu lors des pillages. Depuis, peu de mindele souhaitent encore y vivre, même si l’endroit est très agréable. On y trouve encore certaines ambassades mais la célébrité du lieu est aujourd’hui dûe à la proximité de IKEA !
Enfin… IKEA… c’est une façon de parler. En effet, Binza accueille un grand pôle d’activité -si j’ose dire- centré sur l’ameublement. Des « ajusteurs » côtoient des « tresseurs » et des menuisiers, et tout ce beau monde propose des meubles de styles divers, du plus affreux, style Roméo, au plus simple et sympa, des étagères faites avec du métal de récupération et du tressage du plus bel effet.
Le lieu est victime de sa réputation et de la hausse générale des prix probablement provoquée par l’importance du « contingent » de la Mission des Nations-Unies au Congo (MONUC devenue MONUSCO). Les soldats, administrateurs, etc., qui ont débarqué en RD Congo dans le cadre de la MONUC ont apparemment faussé le jeu de l’offre et de la demande dans l’économie kinoise. Si cela se trouve au niveau des différences de loyer entre Gombé -où sont les expatriés- et la Cité**, le phénomène est également présent quand on observe les prix chez les vendeurs de meubles.
Il faudrait voir nos têtes quand ces derniers annoncent -sans rire- que le prix de départ pour la négociation est de 150-180USD pour un meuble que l’on peut facilement trouver à 30€ en France. Les vendeurs auraient tort de ne pas pratiquer ces tarifs-là puisque, de toute façon, ils trouvent des gens pour les acheter.
Après tout, ce n’est qu’un témoin de plus du paradoxe géoéconomique que constitue la RDC, l’un des pays les plus riches du monde par ses ressources naturelles et aisément l’un des plus inégalitaires quand on voit comment ces richesses ne profitent pas à la satisfaction des besoins fondamentaux de l’ensemble de sa population.

Je me félicite pour cette digression XXL !



Que la montagne est belle
Donc, je disais qu’il est difficile de sortir de Kin pour des expatriés ne bénéficiant pas de véhicule approprié. Coup d’bol, ça a été notre cas ce 11 juillet. On a pu bénéficier de l’aide de M&M, un couple d’expat’ comme nous, qui nous ont proposé de grimper le Mont Mangengenge avec eux.
L’ascension commence après Ndjili***, dans un quartier au bord de la route principale menant à Kikwit. Sans 4x4, pas de progression possible : le chemin est recouvert de sable et notre chauffeur est obligé de conduire en basculant le volant de gauche à droite et de droite à gauche, ce n’est plus une jeep, c’est un culbuto sur roulettes ! Après 10km à ce régime, nous vomissons nos tripes arrivons à destination. Un mec à installé une cahute au pied de la colline et vend des bâtons de pèlerins pour 50FC pièce****. LA meilleure idée de l’année, puisque l’ascension, pas impressionnante au premier abord*****, est rendue difficile par le sable accumulé sur le chemin de croix. Ce sont en effet treize crucifix qui rythment la montée vers ce lieu de pèlerinage. Ce dernier est à l’image de la RDC actuelle : il a été aménagé à une époque, mais il n’a pas été entretenu. Les panneaux « explicatifs » sont écroulés au sol, et les bases des croix sont défoncées. La balade met environ 2h A/R. C’est une belle coupure avec Kin, puisqu’à part les oiseaux, les insectes, la brise et les prières à Nzambe****** qui descendent du sommet, tout est calme. Tout est sec aussi, car à part quelques arbres au fond des vallées, la végétation se limite à des hautes herbes et quelques arbustes. L’intérêt esthétique du Mangengenge se situe au niveau de la falaise qui constitue la base du sommet de la colline, dans laquelle les pèlerins ont construit un escalier. Rien d’extraordinaire toutefois, mais il faut dire que la vue sur Kin est bouchée par les nuages de poussière.

Au niveau du sommet, on retrouve pas mal d’habitations éparses qui servent en fait de lieux de prières. Nous ne les avons pas visitées pour évier de déranger et surtout éviter les questions embarrassantes sur notre foi. Y a quand même un gars à qui on a offert à manger qui, en retour, voulait nous servir de la nourriture divine sauce église de réveil. Indigeste, alors que l’on est venu non pas pour parler de religion mais pour apprécier l’endroit.

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* Ancien quartier colonial construit sur les pentes du Mont Ngaliema, avec une belle vue sur Kinshasa, un air plus frais car il y a beaucoup plus de vent là-bas paraît-il.
** Gombé = centre-ville ; Cité = le reste. Les loyers dans Gombé sont extrêmement élevés, surtout dans les appartements comme le nôtre, ce qui en fait un ghetto de riches pour qui y habite, soit extrêmement peu de personnes étant donné le calme du quartier après les heures de bureaux. A l’inverse, dans la Cité, on trouve assez facilement une grande parcelle pour rien du tout, mais l’alimentation en élec et en eau est aléatoire ; ce sont dans les communes de la Cité comme Bandal(ungwa) que l’on retrouve -paraît-il- la meilleure ambiance !
*** Quartier ou Commune de l’aéroport.
**** Taux de change actuel : 0,8€ = 900FC = 1$. Donc 0,04€ = 1 bâton.
***** Environ 800m de hauteur.
****** Dieu