mercredi 30 juin 2010

[BA] Nakomaki na Kinshasa


(je suis arrivé à Kinshasa)

Never let me down again
Note pour plus tard : ne jamais faire de nuit blanche la veille d’un voyage en avion, surtout quand il s’agit d’un Boeing, surtout quand on n’a pas de billet en classe business, surtout quand on voyage l’avant-veille de l’évènement le plus important depuis l’arrivée du Mzee* au pouvoir.
Le mpepo** était plein comme le stade Tata Raphaël le soir du combat Ali-Foreman.; impossible de dormir, aucun espace entre les sièges, ne parlons même pas d’étendre ses jambes dans le couloir vu le nombre de passages des stewarts et hôtesses.
Mon état de fatigue est trop important pour que je puisse dialoguer correctement avec les personnes voyageant avec moi.
La maman du siège de gauche, assez âgée, a embarqué pour 10kg de pagnes en bagage à main, vit à Bruxelles depuis 25 ans, est agacée par le retard pris par le vol (2h au total).
Le papa de droite, lui, est un prêtre. Il n’entend pas bien le français, excepté quand il s’agit de lire des psaumes et de demander une binouze à l’hôtesse***.
Derrière, trois gosses ne dorment pas et tourmentent les passagers à proximité en tapant dans les sièges, en demandant mille choses à leur mère… premier voyage en avion pour eux, puisque leur mère me précise que ça fait dix ans qu’elle n’est pas rentrée au Cameroun. Son voisin lui dit que « Douala n’a pas eu le temps de disparaître » pendant cette décennie. En tout cas, l'averse tropicale est au rendez-vous de ce retour, alors que les enfants avaient une image de l'Afrique influencée par Kirikou (du soleil et des gens à poil ?).

Extreme Makeover
L’arrivée à Kin est détonnante : l’aéroport est doté d’un nouveau panneau rétroéclairé indiquant notre arrivée à Ndjili****, la peinture est fraîche, l’éclairage neuf, l’attente assez réduite, le douanier n’a pas trop insisté pour que je lui file un bakchich que je ne lui aurai pas donné… j’ai même retrouvé mes bagages tels qu’au check-in à CDG, alors que je ne les avais pas fermés ou plastifiés là-bas.
En revanche, on sent une grande effervescence autour des festivités à venir et il me semble que le personnel de l’aéroport est sous pression pour que tout se passe sans accroc, alors même que leurs salaires ne sont versés que de manière sporadique.


Je retrouve C., le chauffeur de SiM, au baggage claim. On roule vers Gombé à tombeaux ouverts, la route est dégagée, toujours pas éclairée. Le lifting du Boulevard du 30 juin est impressionnant. Le rond-point qui était un tas de gravas est devenu une place avec une fontaine où trône un léopard. Les façades des immeubles sont repeintes. Il y a un marquage au sol et plein de passages cloutés*****. Tout est éclairé. SiM se demande combien de temps cela va durer. Moi aussi. Ca ressemble à Extreme Makeover : City Edition, puisqu’il y a deux mois, le centre-ville était embarqué dans un chantier qui, chez nous, serait encore en train d’être consolidé.
Ca fait aussi penser à Tintin au pays des Soviets : cette façade ravalée masque aussi le délabrement des autres communes de Kinshasa et creuse encore le fossé entre la Cité et le Centre-Ville. Mais ce ravalement rapide montre aussi combien la RDC peut être transformée si tout le monde coordonne ses efforts. Je souhaite juste que les travaux futurs seront faits pour le bien de tous et non pour impressionner le Roi des belges.


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* Mzee est le surnom de LDK, « vainqueur » de Mobutu et président de la RDC de 1997 à 2001.
** Avion.
*** Ce qui est arrivé 4 fois pendant le trajet - volez bourrés qu‘ils disaient.
**** La police utilisée est celle des affiches de Naboléon pour la campagne présidentielle 2007.
***** : Ce qui n’empêchera probablement pas les accidents de la route.